Depuis deux semaines, c'est le fameux "shutdown" aux Etats-Unis. Une partie des services fédéraux est à l'arrêt. Comme le Congrès ne vote pas le budget de l’État fédéral, il n'y a plus d'argent. Conséquence immédiate : 800 000 fonctionnaires "non essentiels" ont été mis au chômage technique (comment différencie-t-on un personnel essentiel d'un non essentiel ?...) Plus d'activité jusqu'à ce que républicains et démocrates s'accordent. Parcs nationaux et sites touristiques sont les premiers à en pâtir. Le Memorial Lincoln à Washington n'y échappe pas.
Puisque les agents d'entretien ne peuvent plus travailler, un citoyen de Caroline du Sud a décidé de tondre les pelouses lui-même. Chris Cox, mixe réussi entre Kris Kross et Carl Cox, ne jump pas ni ne scratch, lui il joue de la tronçonneuse, c'est son métier : sculpteur à la tronçonneuse. Il a rallié Washington (sans son outil fétiche!) se sentant investi d'une mission : entretenir le Memorial Lincoln.
Avec sa barbe, ses bouclettes et le drapeau de son Etat au vent, il ramasse les ordures, vide les poubelles, il a même acheté sur ses propres deniers une tondeuse, 150 euros. «J’ai réalisé que je pouvais être utile comme gardien. J’ai donc décidé de débarrasser les ordures. Puis je me suis acheté une tondeuse, et maintenant je tonds l’herbe ici […] Cela ne me dérange pas d’être ici. Je trouve que c’est mon devoir» a-t-il expliqué. Et quel sens du devoir, ce patriote le pousse jusqu'à expliquer pourquoi il a choisi le Memorial Lincoln : «ce mémorial est notre boussole morale. Je ne suis pas là pour pointer des gens du doigt. Je veux inciter les gens à venir ici pour faire la différence.» En effet, cet édifice rend hommage au président qui a abolit l'esclavage. Lieu aussi où Marthin Luther King a prononcé son discours "I have a dream". Laisser ce lieu symbole de l'Amérique libre aux mauvaises herbes et aux ordures n'était pas envisageable.
Rapidement médiatisé et même récupéré par certains politiques, Chris Cox 45 ans est devenu une curiosité, élevé au rang de citoyen modèle voire de héro. En attendant à cinq kilomètres des pelouses, au Capitole, les discussions budgétaires piétinent toujours.
2 commentaires:
Ah l'Amérique... Voir un Noir à la tête de la nation et un Blanc tondre les pelouses, inimaginable il y a encore une dizaine d'années n'est-ce pas ? (et je ne parle pas de ceux du KKK qui doivent l'avoir encore plus mauvaise...)
Bon plus sérieusement, ce "triste" épisode de bras-de-fer-politico-économico-niveau-maternelle n'est pas nouveau, cela s'est déjà produit à maintes reprises(le dernier en date Clinton en 1995 et cela avait duré 3 semaines)... Juste de la poudre de perlimpinpin qui pourrait être du comique de bas étage, si elle ne mettait pas au chômage technique plus de 800000 personnes !!! Petite preuve s'il en était de l'état pitoyable des structures politique de ce pays, grand donneur de leçons devant l'éternel ; certes, nous ne sommes pas parfaits, loin de là, mais nous essayons de faire quelque chose avec 28 pays et langues différentes...
Stéphane, quelle analyse pertinente et riche de bon sens ! Comme d'habitude, c'est un bonheur de te lire, un style cynique et juste. Tu as raison de nous rappeler le shutdown de 1995. D'ailleurs, sans cet évènement, la stagiaire Monica Lewinsky ne serait pas entrée dans le bureau ovale du président Clinton. Il ne restait alors que 90 salariés (sur 430 environ) pour faire tourner La Maison Blanche. La stagiaire s'est vue confier des tâches à responsabilité et s'est retrouvée "contact" avec Bill Clinton. La suite, vous la connaissez, ça devient l'affaire !
http://www.slate.fr/monde/78388/shutdown-monica-lewinsky
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