Reuters/Hamad I Mohamme 15/03/2011 |
La contestation résonne toujours dans le petit royaume du Golfe. Trois ans que les manifestants bahreïnis se soulèvent contre leur roi, Hamad ben Issa Al-Khalifa. Issus de la majorité chiite, les opposants réclament des réformes politiques et sociales. Le souverain issu d'une dynastie sunnite répond par la violence aux cris de la rue. Les Bahreïnis ne faiblissent pas en dépit des arrestations, tortures et assassinats. Plus de 89 opposants ont été tués depuis le début des contestations, selon la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH). En 2011, Amnesty international a dénombré plus de 3 000 prisonniers politiques dans les geôles du royaume. Au-delà de la répression, le combat de la population perdure.
Barheïn, chronologie d'une révolte muselée :
2011
- 14 fév: Début de la contestation, avec des manifestations pour réclamer des réformes politiques et sociales, dans la foulée des soulèvements en Tunisie et en Egypte.
- 17 fév: Les forces de sécurité donnent l'assaut contre les protestataires sur la place de la Perle à Manama. Al-Wefaq, principal mouvement de l'opposition chiite, se retire du Parlement. Le 19, des milliers de manifestants reviennent sur la place après le retrait des chars.
- 14 mars: L'Arabie saoudite dépêche un millier de soldats pour soutenir le régime. Les Emirats arabes unis décident l'envoi de 500 policiers.
- 16 mars: Les forces donnent l'assaut à la place de la Perle et chassent les protestataires qui y campaient depuis un mois. Le 19, le monument de la place de la Perle est rasé.
- 23 nov: Une commission d'enquête indépendante dénonce un "usage excessif et injustifié de la force".
2012
- 22 avr: Le roi Hamad ben Issa Al-Khalifa assiste au Grand Prix de Formule 1, exprimant sa reconnaissance pour le maintien controversé de la course. Les opposants avaient multiplié les manifestations avant le GP.
- 3 mai: Le roi ratifie une série d'amendements constitutionnels, mais l'opposition qualifie d'"insuffisants" les pouvoirs supplémentaires accordés au Parlement.
- 7 nov: 31 militants chiites sont déchus de leur nationalité pour "atteinte à la sûreté de l'Etat".
2013
- 10 fév: Nouvelle session de dialogue opposition/gouvernement, après celle de juillet 2011 qui avait échoué. Mais les discussions vont piétiner sans résultat tangible.
- 14 fév: Deux manifestants et un policier tués le jour du 2e anniversaire du soulèvement.
- 6 juil: Un policier est tué par une bombe artisanale au sud de Manama.
- 1er août: Le roi promulgue deux lois introduisant la peine de mort ou la prison à perpétuité en cas de morts ou de blessés. De nombreuses personnes ont été condamnées à des peines de prison pour leur implication dans les violences accompagnant la contestation.
- 6 août: Loi interdit toute manifestation à Manama.
2014
- 3 jan: Les autorités accusent les Gardiens de la révolution, armée d'élite du régime iranien, d'entraîner des militants à manier des explosifs pour commettre des attentats et annoncent l'arrestation de suspects.
- 9 jan: Le gouvernement annonce la suspension du dialogue national, que boycotte l'opposition. Celle-ci avait suspendu en septembre sa participation pour protester contre l'arrestation de l'un de ses dirigeants.
- 29 jan: Le Conseil islamique des oulémas, regroupant des dignitaires chiites, est dissous.
- 8 fév: L'opposition propose une feuille de route réclamant "un Parlement à pleins pouvoirs législatifs", "un gouvernement élu", la libération des "prisonniers d'opinion" et "la suspension des procès politiques". Le prince héritier Salmane Al-Khalifa avait réuni à la mi-janvier les groupes politiques pour tenter de relancer le processus de négociations.
- 12 fév: L'opposition chiite appelle à marquer par des protestations le 3e anniversaire du soulèvement.