L'assignation à résidence de la "Dame" de Rangoun expirait le 27 mai. La junte birmane a dégainé une accusation pour conduire l'opposante devant le tribunal.
Depuis le 18 mai, Aung San Suu Kyi est jugée pour avoir enfreint les règles de son assignation à résidence. Le 4 et 5 mai dernier, l'Américain John Yettaw a rejoint à la nage la maison de l'opposante birmane au bord du lac Inya à Rangoun. Dès lors Aung San Suu Kyi, âgée de 64 ans, est déténue à la prison d'Insein et accusée d'avoir hébergé ce militaire mormon qui affirme avoir eu "une vision selon laquelle elle allait être assassinée". La prix Nobel de la paix (en 1991) risque cinq ans de prison. A ses côtés comparaissent l'illuminé et deux dames de compagnie.
Face à la mascarade judiciaire rythmée par suspension et reprise d'audiences, toutes à huis clos, la communauté internationale multiplient les gestes de soutien. Ban Ki Moon, secrétaire général de l'ONU demande la levée des poursuites. Hillary Clinton, secrétaire américaine aux affaires étrangères, en visite dans la région a appelé à la libération, et Barack Obama a renouvelé pour trois ans l'embargo à l'encontre du Myanmar. L'Europe s'est dite "très inquiète" du sort de l'opposante et a mis en garde contre un verdict négatif prévoyant d'éventuelles mesures contre la dictature militaire bimane. Artistes et ONG se mobilisent également : nommée "ambassadrice de conscience" d'Amnesty International, de nombreuses manifestations se tiennent. Icône emprisonnée du combat démocratique, sa lutte pour la justice et la liberté résonne davantage à chaque coup de canif de la junte.
La dictature militaire s'acharne à museler la dirigeante de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), leader d'oppositon, sortie victorieuse des dernières élections en 1990 avec 82% des votes. Une condamnation écarterait Aung San Suu Kyi de la vie politique alors que des élections sont prévues en 2010. Verdict attendu le 11 août.
Texte Emmanuelle Bach
Illustration couverture de "Perfect Hostage" écrit par Justin Wintle